La CGI et l’IFSTTAR publient une étude sur la mobilité des marchandises dans la ville durable
A l’occasion d’une conférence organisée le mardi 19 novembre lors du Salon des Maires et des Collectivités Locales, durant laquelle sont intervenus des professionnels du commerce de gros, des élus et des chercheurs, la CGI et l’IFSTTAR ont dévoilé leur étude intitulée « Mobilité des marchandises dans la ville durable : les nouveaux enjeux de l’action publique locale ».
Ce texte n’est pas qu’un constat portant sur la situation actuelle, puisqu’il livre également des enseignements pour l’avenir, comme le confirme Hugues Pouzin, Directeur général de la CGI : « Les recommandations et suggestions qui figurent dans ce document doivent permettre aux acteurs du commerce de gros, tout comme aux élus et responsables des questions d’urbanisme dans les collectivités, de se concerter pour aboutir à des solutions pérennes et satisfaisantes pour l’ensemble des parties prenantes, et ainsi animer le coeur des villes. »
Les problématiques liées à la livraison de marchandises en ville se multiplient actuellement. Il y a en effet, de la part des citoyens et des pouvoirs publics, une volonté de plus en plus grande d’écarter les véhicules des centres-villes, alors que le volume de marchandises en circulation ne cesse de croître. En parallèle, la livraison, qui est pourtant une thématique essentielle, est souvent marginalisée par les décisionnaires locaux. C’est pourquoi l’IFSTTAR et la CGI ont effectué un travail de fond sur les freins qui affectent la livraison en ville et sa potentielle réconciliation avec l’action publique locale.
Une réglementation trop hétérogène
Si la tendance est aux réglementations visant à construire une ville plus « propre », ce n’est pas ce point que les professionnels contestent. « Les contraintes de nature écologiques sont tout à fait légitimes, cela nous donne une responsabilité supplémentaire. On doit participer à cet effort, c’est un enjeu de crédibilité professionnelle » souligne Eric Decroix, Directeur général de Transgourmet et Président de la Commission transport et logistique de la CGI.
Ce qui est en revanche problématique, c’est la multiplicité de réglementations en vigueur, qui diffèrent d’une ville à l’autre, voire même d’une rue à l’autre au sein d’une même ville. Les innombrables critères de circulation et de stationnement sont autant de freins à une livraison optimale, et témoignent d’un criant manque de continuité territoriale des réglementations.
Le grand obstacle à une potentielle harmonisation demeure le manque d’intérêt de la part des décisionnaires locaux pour la thématique. Preuve en est, les Plans Locaux d’Urbanisme (PLU) ne mentionnent que de manière très succincte la logistique et le transport de marchandises, alors que, selon Eric Decroix, « Les grossistes sont pourtant les transports en commun des marchandises ». Par ailleurs, il est trop souvent difficile de se procurer les arrêtés municipaux et autres textes relatifs à la livraison, ce qui est loin de faciliter le travail des chauffeurs-livreurs, qui n’ont pas accès à des informations qui leur sont indispensables.
Et pourtant, les solutions sont à portée de main
Il serait bien évidemment possible, pour les grossistes, de renouveler leur flotte de véhicules, pour que ceux-ci soient plus respectueux de l’environnement. Mais cela représente un coût financier loin d’être négligeable, et cela nécessite un accompagnement approfondi de la part des pouvoirs publics. D’autre part, il revient aux industriels de combler leur manque de capacités actuelles en termes de construction de véhicules propres.
Une autre solution viable serait la livraison de nuit, rendue possible par des véhicules hybrides silencieux. Cependant, seulement 50% des communes autorisent la livraison de nuit, c’est bien trop peu. Pour Laetitia Dablanc, Directrice de recherche IFSTTAR, « Les villes ont tous les outils en main, mais ne les utilisent pas. Beaucoup de transporteurs vertueux seraient prêts à faire des efforts. Il faut favoriser la rencontre entre toutes les parties prenantes, afin de bâtir les règles de demain, qui doivent être simples et homogènes. »
Enfin, l’innovation occupe une place encore trop marginale. Il faut favoriser ce type d’initiatives et ne pas sous-estimer l’expertise française dans ce domaine. Des structures efficaces peuvent être développées de manière plus systématique, comme les entrepôts à étage. Il faut également intégrer de manière plus efficace l’open data et le partage des données, qui simplifieraient de manière conséquente le quotidien des chauffeurs-livreurs.
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Voir la présentation de l'étude faite à l'occasion du salon ICI